House : 2.24 House à terre

Un épisode hallucinant pour clôturer cette excellente saison 2 du docteur House. Et c’est le cas de le dire car l’épisode en entier est une gigantesque hallucination du docteur le plus détesté de la télévision. Les premières minutes de l’épisode sont elles, bien réelle, le docteur est en pleine séance de diagnostic avec les trois bénets au sujet d’un patient avec une langue aussi grosse que celle d’un bœuf, surnommé Harpo par le gentil docteur. Et tout à coup c’est le drame comme on dit. House se fait tirer dessus, deux fois par un espèce de malade surgit de nulle part. Chase, Foreman et Cameron ne font rien pour l’en empêcher, d’autant qu’il prend tout son temps pour tirer son deuxième coup de feu. Mais bon, ils ont tous des excuses. Foreman est un simple d’esprit depuis sa lobotomie, Chase est trop gay pour savoir se battre et Cameron n’est qu’une faible femme affolée par la vue d’une arme. Le mec aurait très bien pu tuer House, ça serait revenu au même mais l’épisode aurait été dans ce cas bien différent mais là encore ce n’est pas certain car le doute plane sur l’épisode. Dès la deuxième balle qu’il s’est apparemment prise dans le cou, House commence donc à halluciner la suite des événements. Ce n’est qu’à la moitié de l’épisode qu’il se rend compte qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce qu’il est en train de vivre. Pourtant de nombreuses scènes nous mettaient déjà la puce à l’oreille.

Ainsi House se réveille du coma et commence directement à travailler sur le cas de Harpo la grosse langue.

Il a la clé de l’appareil à morphine afin de faire joujou avec celle ci

Comme par hasard on met le tireur dans la même chambre que la victime. Sarko n’avait il pas dit qu’il voulait changer le statut des victimes et être à leurs côtés ?

Et puis bien sûr House marche normalement grâce à un procédé expérimental de Kétamine dans le cerveau et il ne ressent plus la moindre douleur. Cuddy en est même toute émue d’avoir sauvé son bien aimé docteur.

Cerise sur le gâteau, les trois simplets deviennent plus intelligents qu’House lui même et ça c’est totalement impossible. Vous imaginez dans la réalité Chase avoir un coup de génie ? Il est déjà incapable de passer chez le coiffeur ou de faire succomber Cameron à jeun à son charme alors vous l’ imaginez guérir un patient ? House comprend d’ailleurs tout, s'ils sont plus intelligents que lui c’est uniquement car ils sont à l’intérieure de sa tête.

Ces petits détails ne sont pas des incohérences, non loin de là. Ce sont des indices pour nous dire qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Cette technique avait déjà utilisé dans le formidable "cours magistral" la saison dernière. Je ne saurai pas vraiment départager lequel est le meilleur car ces deux épisodes sont vraiment très réussi. Une nouvelle fois on malmène le téléspectateur, on l’amène dans un labyrinthe où rien n’est balisé et on a du mal à faire le tri entre le réel et le rêve. Certes au bout d’un moment on sait que House délire mais dans quelle proportion ? Tout n’est il qu’illusion ou non ?

Comme il est finalement tout seul dans sa tête, House se retrouve en fait face à lui même par l’intermédiaire du tireur qu’il imagine. A travers ce type, sa conscience lui parle de son attitude et elle lui dit au fond la vérité. House se prend pour le rebelle de la médecine mais il remplace seulement la morale en vigueur par son propre code de valeurs, celle de la vérité où le mensonge est banni. Tout le monde ment nous dit House a longueur d’épisode et House le premier. En effet, il a toujours prétendu que le départ de Stacy ne le touchait pas et c’est faux. Durant la saison 1, il ne s’assumait pas comme un junkie et il a fallu qu’il soit mis devant le fait de sa dépendance pour assumer la vérité et s’en contenter. Il finit par demander carrément pardon à son alter égo pour la mort de sa femme qu’il aurait causé indirectement. House aurait mis à jour la liaison du mari (ou de la femme peu importe) et du coup sa femme s’est suicidée. D’ailleurs House ne l’aurait il pas croisé la femme un peu plus tôt dans le couloir pendant la ponction d’Harpo ? Un nouveau signe ne trompant pas sur l’aspect rêve de l’épisode.

House bien décidé à sortir de cet état comateux, met en place sa propre évasion cérébrale si on peut dire grâce à la double scène du scalpel électronique. Et il se ne prive pas le vieux cochon. Dans la première, digne d’un pur fantasme délirant, Cameron s’allonge sur la table d’opération pour une démonstration faisant remonter la surface les sentiments ambigus de la relation entre House et Cameron. Cameron en salope soumise devient la chose de House et se laisse tripoter sans bouger par la machine dont les mouvements aseptisés mais pas moins dangereux sont guidé par House lui même. Une métaphore à peine voilée de cette tension sexuelle entre les deux médecins et pour la première fois, on voit une vraie réponse de la part de House qui a toujours nié ressentir quoique ce soit pour Cameron.

La deuxième scène est bien plus gore car House afin de se réveiller pousse le délire jusqu’au bout en ouvrant Harpo de part en part tel un cochon que l’on éventre à l’abattoir. Laissant Chase, Foreman et Cameron sous le choc. Mais House a réussi son coup et retourne en arrière quelques secondes après les coups de feu. House sur la civière demande en chuchotant que Cuddy lui prescrive de la Kétamine reconnaissant ainsi qu’il serait prêt à renoncer à son incroyable capacité de diagnostique pour enfin être guéri de cette jambe qui leur rend prisonnier de son propre corps. Tout cela nous montrant une dernière fois qu cette expérience de House était bien totalement mentale et non une expérience mystique. House ayant certainement lu quelque part cette étude sur la Kétamine, celle ci répparait à ce moment là dans son cerveau. En effet, on peut parfois rêver de choses bizarres ou avoir une révélation car même quand on dort notre cerveau fonctionne toujours et visiblement celui de House encore plus. Joli tour de force pour nous montrer un House finalement plus humain et plus aux abois qu’on ne l’aurait cru et qui aimerait changer même s’il n’en a pas la force.

Bilan : Un excellent épisode nous prenant à contre pied et jouant son atout le plus fort en centrant l’épisode sur le rôle titre. L’intrigue entraîne tout de même la disparition de la mission bébé de Cuddy et de Foreman le trépané et de ce point de vue c’est une petite déception mais elle n’est rien face à la maestria du scénario faisant de House une série à part malgré son canevas rigide. C’est d’ailleurs l’une des réussites de la saison 2, avoir su trouver des histoires originales et amusantes afin de nous faire oublier les règles strictes d’écriture du déroulement des épisodes.