J’avais cru un peu naïvement à un épisode épilogue en commençant ce final de Damages mais on se trouve en présence de quelque chose de tout différent. Certes, les grandes questions ont été résolues mais comme depuis le début c’est dans toutes les petites subtilités que Damages m’épate. Ainsi, tout au long du récit, on a intelligemment éludé certaines parties de scènes, certains dialogues afin de permettre ce final qui se révèle tout bonnement diabolique à l’image des anti héros de la série.
Ainsi au départ, on aurait pu croire qu’Ellen Parsons était une jeune ingénue ne connaissant rien à la vie et se laissant mener par le bout du nez par Patty Hewes. Bref la parfaite héroïne boulet façon Susan Mayers dans Desperate housewives. Au final, on est très loin de cette image car Ellen se révèle beaucoup moins naïve qu’on ne l’aurait cru et c’est sans doute la force du personnage. On croit la connaître dès la première seconde où on la voit à l’écran et au fond on s’est bien fait avoir.
L’histoire de la casette et de l’inculpation d’Ellen ne prend finalement pas tout l’épisode. Mais même en situation périlleuse Ellen commence à prendre goût à manipuler Patty à son tour. Patty a ce qu’elle veut et fait tomber Frobisher en exigeant un arrangement à ses conditions. Elle se paye même le luxe de lui annoncer elle même la nouvelle pour voir le visage d’un homme détruit. Et elle fait même cela avec humour. Si Arthur n’accepte pas le deal, elle organisera une petite soirée vidéo chez elle, lâche t’elle ironiquement. Frobisher lâche l’affaire mais cela n’est sans doute pas assez pour Patty. L’accord est conclu, ses employés lésés grassement récompensés. Tous sauf un, Larry ayant fricoté avec Frobisher, on lui demande de se retirer et il finit par abattre son ancien patron sur le terrain où il pense reconstruire sa reconquête. Je me demande si Patty avait prévu cela ou non et je dois dire ça ne m’étonnerait pas car la suite est encore plus incroyable. Frobisher est laissé pour mort, l’est il vraiment ? Ce sera l’un des doutes laissés à la fin de l’épisode.
Mais pour cela, il faut retourner quelques jours en arrière, le soir où Ellen a été agressée. Elle le disait en cellule à Tom. Elle a des preuves pouvant faire plonger Patty et est persuadée qu’elle a voulu la tuer. Et elle n’a pas tort. Fiske mort et Ellen impliquée là dedans, elle devient un témoin très gênant et Patty ordonne son exécution. De toute façon, Ellen a eu de la chance car c’était soit l’homme de main de Patty soit ceux de Frobisher qui seraient venus lui rendre visite dans l’appartement. Et voilà ce qui a au fond autant perturbé Patty à la maison de la plage, avoir ordonné l’exécution d’Ellen. Certes elle ne voulait sans doute pas en arriver là mais les circonstances l’y ont poussés.
Cette fin de saison 1 prépare déjà la saison 2 et cela de façon remarquable. L’avocat à l’accent anglais, Hollis Nye dévoile enfin son vrai rôle. Il avait toujours été présenté sur le confident d’Ellen, l’épaulant quand elle en avait besoin. Le 1.12 avait rendu le personnage d’avantage trouble et on pouvait se demander s’il n’était pas de mèche avec Frobisher. Au final, il ne franchit pas la ligne rouge et travaille simplement avec les fédéraux… dans le but de faire tomber Patty soupçonnée de nombreux méfaits comme chantage, extorsion et d’autres joyeusetés. Mais pour cela, ceux ci ont besoin de preuves et Ellen pourrait être la clé. Pour cela, ils ont besoin d’elle, qu’elle retourne travailler auprès de Patty. Cela ne semble pas lui poser de problème car si elle a tout perdu, son fiancé, sa vie, sa foi en la loi, il lui reste la justice mais surtout la vengeance. Une vengeance double. Elle veut savoir qui a tué David mais elle veut aussi se venger de Patty qui l’a entraîné dans toute cette histoire et qui a aussi voulu la tuer. Pourquoi en est elle persuadée ? La réponse est simple, elle connaît Patty Hewes. La confrontation finale entre les deux femmes es tout simplement sublime car l’une est l’égale de l’autre. Elle se méfie chacune l’une de l’autre mais ça ne les empêche pas d’échange des banalités et de continuer à travailler ensemble pour le meilleur mais surtout pour le pire.
Un final à la hauteur de mes espérances, une histoire écrite au millimètre près, pensée dans les moindres détails. Des personnages forts et remarquablement interprétés. Car si les promos mettent en valeur Glen Close, l’ensemble du casting est en tout point remarquable. Rose Byrne, Tate Donovan, Zelko Ivanek et Ted Danson contribuent également grandement à la réussite de cette première saison qui pour moi n’a quasiment pas connu de temps mort. On avance pas à pas comme dans une partie d’échecs. Chaque épisode apporte sa petite nuance et a son importance. L’intrigue aurait sans doute pu se dérouler sur moins d’épisodes pour laisser la place à plus d’action mais Damages est aussi une série d’ambiance, laissant le doute nous envahir, nous laissant nous poser mille et une questions sur cette sombre histoire. Et au final, quand on pense avoir toutes les cartes en main on se rend compte que celle ci est encore plus incroyable qu’on ne l’avait prévu. Au départ, je n’attendais rien de cette série et j’ai fini par être complètement envoûté par la situation et les personnages devenant en à peine 13 épisodes l’une des meilleurs réussites de ses dernières années. Une série complexe, noire et adulte comme on en retrouve finalement trop peu ou dont trop peu sont mises en avant à la télévision. La preuve est à nouveau faîtes, les séries télés ne sont pas uniquement faites pour les ados mais sont belle et bien un genre à part entière pour raconter des histoires quelle qu’elles soient.