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Critik en séries
16 avril 2008

Sleeper cell : 1.01 La maison des martyrs

sleepercellAvec Sleeper cell, c’est une autre vision du terrorisme qui est montrée, moins hollywoodienne comme peut le faire une série comme 24 heures chrono. Sleeper cell ou en français cellule dormante nous entraîne dans un terrorisme plus feutré, plus insidieux mais certainement plus proche de la réalité. La série tente même le pari osé de séparer Islam et terrorisme à une époque où l’amalgame est bien souvent de rigueur. On y fait la différence entre musulman et islamiste. Tout en mettant en vedette des terroristes, la série tente de nous réconcilier avec l’Islam en nous montrant que être musulman ce n’est pas faire sauter des bombes au nom d’Allah. Tout cela, on le voit à travers le yeux de Darwyn Al Sayeed, un musulman, agent infiltré dans une cellule dormante de Jihad. Intelligemment, on ne nous dit pas tout de suite qu’il s’agit d’un agent sous couverture. On aurait d’ailleurs pu faire durer le suspense plus longtemps, ça aurait crée un malaise plus grand et une surprise plus importante, mais il faut bien fixer le point de départ de l’histoire.

A ses côtés ou de l’autre côté selon la façon de voir les choses, on retrouve un groupe finalement très hétéroclite composé d’hommes ayant des raisons de haïr le Diable que représente l’Amérique car la loi de l’homme ne compte pas, seule celle de Dieu a de l’importance. Pour Darwyn cela n’est pas le vrai Islam, le vrai dieu châtie seulement ceux qui font le mal intentionnellement, en toute conscience et non par distinction de religion ou de race. Au cours de cet épisode pilot, il y a souvent de genre de petits dialogues bien utiles pour nous rappeler dans quel sens va la série. Elle n’est pas une série anti musulman mais avant tout une série anti islamiste. Cela est fait de manière très intelligente, très subtile. Et j’ai été impressionné par la force de ce tout premier épisode. Par son message radicalement différent, loin de la caricature et loin du grand spectacle. En même temps, Sleeper cell est une série de Showtime, une chaîne du câble ayant produit Dead like me ou Queer as folks. Le public visé n’est donc pas le même que celui de la Fox.

L’alter ego de Darwyn, c’est le charismatique Farik. On le prend parfois pour un juif, pour un perse, un arabe d’Afrique du nord. Mais il est avant un islamiste radical et visiblement dangereux et très bien informé. Pourtant, on ne le dirait pas en le voyant dans son costume sur mesure, son ton charmeur, un vrai séducteur. Il donne l’impression d’un type sympa et c’est sans doute là son arme la plus dangereuse. Le diable a un visage d’ange. Et Oded Fehr est impressionnant dans ce rôle. Un petit bonjour à Cetnat du forum de Serieslive à ce sujet.

Evidemment quand on pense à une série sur le terrorisme, on imagine une série violente ce qui n’est pas le cas ici comparé à 24 heures chrono. Sleeper cell prend le contre pied. La violence étant davantage suggérée. On montre l’après coup à la télévision comme l’attentat au Quatar. Farik n’y a peut être pas participé directement (quoi que ?) mais il était précisément au courant de ce qui allait se passer. Ce qui nous donne des indices sur le genre de personnage qu’il est. Même chose pour Darwyn, on lui demande de suivre une jeune fille musulmane et quelques jours plus tard, il voit aux infos qu’elle a été assassinée. Le motif est simple, celle ci était une infidèle car elle sortait avec un jeune américain. L’hypocrisie vis à vis des femmes est assez incroyable car on taquine simplement Darwyn de s’être tapé Gayle. On ne présente pas non plus Darwyn comme quelqu’un de tout blanc, il se pose lui même des questions d’ordre moral. Le Coran interdisant les relations sexuelles en dehors du mariage. Ironiquement Gayle lui rappelle que c’est la même chose chez les catholiques mais à la différence le péché originel n’existe pas dans l’Islam, on y naît pur. Autrement dit le message serait que l’Islam est plus tolérant. Un discours que l’on entend rarement dans les journaux télévisés.

La seule scène réellement plus dure arrive seulement à la fin, la scène de la lapidation du traître. L’effet est un peu facile c’est vrai, on se doute que Darwyn ne sera pas si rapidement découvert. Mais on voit assez vite où l’on veut en venir, c’est une sorte de test pour Farik. Voir jusqu’où Darwyn peut aller. Un test réussi avec brio. Mais comme le dit Darwyn, Bobby n’était pas un traître, il a simplement été imprudent, il s’est un peu trop vanté. Le prix a payer est néanmoins le même.

Véritable épisode coup de poing, le pilot de Sleeper cell est en tout point remarquable, fort et allant à l’encontre de tous les préjugés. Un casting efficace, un scénario impressionnant car il change de tout ce qu’on a pu voir sur le sujet en mettant en vedette les terroristes pour mieux dénoncer leurs actions. Un pari sans doute dangereux mais diablement efficace. C’est sans doute pour cela que la série s’est totalement ramassée ce dimanche sur la Deux en Belgique. Un sujet trop sensible pour certains, pas assez de spectacle pour les autres. De mon côté, je continuerai à suivre la série, mais les articles arriveront après la fin de la saison 6 de 24 heures chrono histoire de ne pas mélanger les genres.

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