Ugly Betty : 1.01 Pilot
Attention : Réedition de l'analyse du premier épisode d'Ugly Betty aujourd'hui à l'occasion du week end Ugly Betty sur Critik en séries. Retrouverez samedi et dimanche, toutes les heures (à partir de midi) un nouvel épisode, un nouveau résumé, une nouvelle review d'Ugly Betty pour tout savoir sur cet incroyable série. C'est ça le Ugly Betty week end marathon !
Ugly Betty ou le destin de Lisa vu par les Américains. Grave erreur, ce serait bien entendu un raccourci grossier et trop réducteur tant les deux séries n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Là où il est impossible de rester plus deux minutes devant Lisa, ses intrigues niaises et dialogues mielleux. Sans parler de son image digne de années 70, Ugly Betty est une série très drôle, décalée passée maître dans l’art du second degré et de l’ironie même s’il faut reconnaître que ce tout premier épisode ne lui rend pas complètement justice. Celui ci livre simplement les bases, les folies arriveront un peu plus tard. Betty Suarez est, jeune fille ni mince ni jolie. Fraîchement diplômée, elle postule aux éditions Meade. Lassé de voir son fils se taper ses assistantes, Bradford Meade décide d’engager Betty, elle au moins il ne pensera pas à la sauter.
Bien entendu l’arrivée de Betty ne passe pas inaperçu à Mode magazine, elle porte un poncho made in Guadalajara tout droit sorti des poubelles, là où les autres s’habillent en Dolce & Gabbana et le premier concerné, Daniel ne semble pas supporter de se voir imposer par son père un laideron en guise d’assistante. Il décide d’ailleurs de suivre les conseils d’un photographe français lui donnant de mauvaises idées afin de faire craquer Betty et qu’elle démissionne. Et oui on le sait, les français sont vraiment des gens méchants et détestables, en particulier Speedu pour ne pas le citer. Et là rien n’est épargné à la pauvre Betty. Si au début, on en rit aux méchancetés de Daniel et de Philippe, on a vite pitié de Betty et c’est également le cas de Daniel comprenant bien vite qu’il va trop loin dans son petit jeu lorsqu’il impose à son assistante dans une séance de photos sexys. Bien entendu la scène est courue d’avance mais elle se laisse regarder. De plus, on sent assez vite que Daniel n’est pas un vrai méchant et c’est peut être cela qui rend cette intrigue très intéressante car si Daniel est un vrai play boy, il n’est pas un méchant et lui aussi doit faire ses preuves à Mode depuis qu’il a été parachuté par son père à la tête du magazine suite à la mort tragique et mystérieuse de Fey Summers. Circonstances auxquelles ne seraient pas étranger Bradford lui même. Bradford Meade étant interprété par l’excellent Alan Dale (Caleb Nichol dans The OC). Celui payant même de sa personne lors d’une séance de gym afin de tenir son corps de vieux schnock en pleine forme.
Betty ne s’attire pas non plus les faveurs d’Amanda la standardiste maîtresse de Daniel à ses heures perdues. Et Betty fait également fureur avec ses rondeurs à la cafétéria où tout le monde mange de la salade histoire de ne pas grossir d’un seul gramme. Heureusement elle trouve un soutien en la personne de Christina la couturière à l’accent anglais à couper au couteau tel Desmond " bloody brother " de Lost.
Dans tout ce tourbillon de personnage Wilhelmina Slater se détache facilement comme l’un des plus savoureux. Wilhelmina convoite en effet le poste de rédacteur de chef en Daniel. Nous avons ainsi trouvé notre garce glaciale de la série, interprétée à la perfection par Vanessa Williams. Un personnage tellement caricatural qu’il en est drôle dès sa première rencontre avec le téléspectateur. Dès sa deuxième scène, elle subit une petite retouche au Botox exécutée par son petit chien-chien, excusez moi par son assistant, le très très gay Mark. Comme quoi la série sait également manier la dérision avec légèreté. D’ailleurs le coup bas de Wilhelmina n’est pas sans rappeler l’un des coup de pute d’Amanda Woodward dans Melrose place lorsque celle ci avait poussé Alison à choisir une idée de campagne publicitaire faisant référence au suicide de la mère du PDG des biscuits de madame Molly. Ici c’est un peu le même style avec l’accident de voiture de Fabia. Pour assurer le happy end, Betty arrive à sauver Daniel d’un désastre annoncé. Là aussi c’est facile et couru d’avance mais tout est dans la mise en scène qui ne se prend pas au sérieux. Fabia étant d’ailleurs un personnage caricatural avec son chien sous son bras, ses habits excentriques et sa cigarette.
Du côté du Queens où habite Betty, on nage en plein soap de manière totalement assumée. On y voit d’ailleurs à la télé des passages totalement ridicules d’un faux télénovela brésilien grotesque. L’image au début est d’ailleurs très soap opéra avec des musiques ringardes d’ascenseur comme lors de la rupture entre Betty et Walter. Le quartier possède également sa garce en la personne de la sexy mais vulgaire Gina Gambarro volant à Betty son fiancé. La série n’oublie néanmoins pas une jolie morale très positive quand le père de Betty lui conseille de suivre ses rêves.
La série de ce type ne serait pas complète sans la présence d’un mystère et depuis Desperate housewives, il semblerait que toutes les séries ont besoin d’un mystère pour paraître intéressante. Dans Ugly Betty, il est distillé petit à petit de façon légère grâce à quelques allusions comme lors de la petite rencontre entre Bradford et son homme de main dans le parc. Une scène à la fois drôle et mystérieuse liant indirectement Bradford à la mort de Fey. Un vrai cliché du genre tellement poussé qu’il est difficile de prendre une telle scène au sérieux. Mais Fey Summers est elle vraiment morte ? En effet, la fin de l’épisode nous montre Wilhelmina discutant avec une femme au visage bandé de leur plan forcément diabolique afin d’entraîner la chute de Daniel et de son père. Là aussi c’est une scène à la fois mystérieuse et drôle car on sent la dérision dans l’exagération des décors mais aussi et surtout dans le jeu des acteurs.
Néanmoins, malgré ses atouts, on n’a pas en face de nous quelque chose de si formidable, au mieux c’est sympathique, au pire trop poussif aux yeux d’autres téléspectateurs. A dire vrai, on n’est pas chamboulé par cet épisode pilot. Mais plus l’épisode avance et plus on se laisse aller à apprécier la série même si l’histoire reste très classique. La fin est par contre parfaitement orchestrée. La complicité commence à apparaître entre Daniel et Betty et le mystère se met en place donnant envie d’en savoir plus. C’est sans doute cela le secret. Même on n’est pas complètement séduit on est néanmoins intrigué. De quoi nous faire revenir pour la suite et ainsi entrer dans l’engrenage. Finalement il y a entre le téléspectateur et la série le même type de relation qu’entre Betty et Daniel. Au début on est surpris et choqué et puis au fur et à mesure on se laisse toucher par cette série. Il faut lui laisser une deuxième chance et ne pas rester figé sur la fausse idée de remake américain du destin de Lisa.
(Posté originalement le 22 août 2007 à 17h17)