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Critik en séries
29 mai 2007

Pilot : Six feet under

six_feet_underJe continue mon petit tour des épisodes pilot avec aujourd’hui Six feet under. J’ai revu le pilot hier, ça devait être au moins la quatrième fois et celui ci n’a rien perdu de sa force et de son réalisme et de son émotion car s’il y a une qualité à retenir de cet épisode c’est bien l’émotion. Il n’y a pas de grandes intrigues rocambolesques ou de révélations super choquantes, tout est dans le ressenti.

Pourtant l’histoire est tout bête. Le fils aîné revient dans sa famille pour Noël après une absence plus ou moins longue. Dans le même temps, le père décède dans un accident de voiture forçant ainsi le fils a rester auprès des siens. C’est un peu l’idée de départ des traditionnelles sagas de l’été de tf1. Mais c’est le traitement de l’histoire qui fait toute la différence. Une finesse écriture particulièrement soignée, un casting brillant et une image absolument parfaite et lumineuse.

Le pilot se focalise avant tout sur la découvre de cet univers froid, morbide et aseptisé dans lequel évolue les membres de la famille Fisher détentrice d’une entreprise de pompes funèbres. Déjà le sujet peut faire reculer mais l’on comprend très vite qu’à travers la mort, la série s’attache avant tout aux vivants. La mort de Nathaniel a forcément des répercussions sur toute la famille et nous permet de découvrir des Fisher fragilisés par des circonstances qui font ressortir le pire mais aussi le meilleur d’eux même.

Ruth est une femme un peu vieillotte coincée dans un mariage apparemment heureux mais terne. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir une liaison avec son coiffeur. L’annonce de la mort de son mari est particulièrement émouvante et réaliste car celle ci arrive forcément sans prévenir alors qu’elle prépare le repas. Comme toute mère est inquiète pour ses enfants mais paradoxalement il lui est difficile de communiquer avec ceux ci. C’est le personnage le plus à fleur de peau du pilot. On sent qu’elle ne veut pas craquer mais malgré tout sa douleur transparaît de façon à la fois digne et touchante.

Nate, à 35 ans il se cherche toujours et vit une existence bohème dans une coopérative agricole. On apprend qu’il a quitté très tôt sa famille ou plutôt qu’il a fui cet environnement morbide. Les rêves qu’il fait au sujet de son enfance le montre mal à l’aise vis à vis de la profession de son père qui lui faisait peur quand il était enfant. Il semble garder des traces de cette période. Ayant baigné dans la mort, il semble vouloir s’éloigner le plus possible de celle ci. Mais malheureusement pour lui, à peine à t’il remis le pied à Los Angeles qu’il doit à nouveau y faire face à manière très personelle.

David, plus jeune que Nate, il est le bras droit de son père avec qui il dirige l’entreprise familaile. Il est le type même du fils qui a tout sacrifié pour sa famille et renoncé à ses propres rêves, ceux ci d’éloignant encore plus à la mort de Nathaniel. Du coup rien d’étonnant à ce qu’il blâme les gens qui ont pris leur vie en main loin du nid familial alors que lui en a été incapable. David est quelqu’un de très rigide, on pourrait même dire coincé du cul. Ce qui est très amusant vu qu’il entretient dans le plus grand secret une relation homosexuelle avec un flic noir du nom de Keith Charles.

Comme on est en 2001 et sur la chaîne à péage HBO, Six feet under n’hésite pas à montrer ouvertement des baisers entre hommes et traite la relation entre Keith et David avec naturel et sur un pied d’égalité avec les autres intrigues. La série veut certainement choquer c’est un fait mais elle veut également ouvrir des portes. En plus de lever le voile sur le tabou de la mort, la série veut semble t’il aller beaucoup plus loin. Elle montre également des scènes plus d’explicites sur les ébats entre Nate et Brenda. La série se veut résolument de son temps et son créateur Allan Ball à qui on doit American beauty compte bien profiter de la liberté de ton lui qui lui est offert sur une chaîne du cable.

Claire, la plus jeune du clan Fisher est une rebelle comme pouvait l’être Nate à son âge. Celle ci n’hésite pas à prendre de la drogue dès l’une des premières scènes de la série ce qui l’amène à s’interroger. Ce qu’elle ressent est il dû à la mort de son père ou à l’effet de la drogue ? Tout comme Nate elle semble très indépendante mais aussi plus proche de son père que Nate ne devait l’être. Finalement, on dirait que c’est Claire qui comprenait le mieux son père et elle semble lui ressembler assez dans son attitude et elle prend du recul par rapport à tout cela.

Autour des Fisher, on trouve également l’intrigante Brenda Chenowich, n’hésitant pas à baiser avec Nate dès la sortie de l’avion. Le personnage est entouré d’un certain mystère et paraît assez imprévisible dans ses réactions. Elle n’hésite par exemple pas à aider un illustre inconnu avec qui elle vient de baiser sauvagement. Et pour finir, il y a Federico " Rico " Diaz, le jeune tanatopracteur, l’employé de l’entreprise de pompe funèbre. Hispanique, il paraît toujours de bonne humeur et ne semble pas très affecté par la mort de son patron.

Chaque personnage réagit à sa façon à la mort de Nathaniel et passe un " moment " particulier avec lui. Comme pour lui dire au revoir. Ces passages se sont pas dénués d’ironie ou d’humour comme lorsque David restaure le visage de son père avec celui ci dans son dos se plaignant de voir son fils peu doué à l’ouvrage. Ruth, elle, se retrouve confrontée à ses mensonges. Comme elle le dit, maintenant qu’il est mort, son mari sait tout à son sujet.

Les fausses pubs mortuaires apportent également une touche d’humour mais bien sûr celui ci est noir donnant un ton à la série.

La présentation du corps et l’enterrement sont particulièrement réaliste et émouvant et sont pour moi les deux scènes les plus fortes de l’épisode. Comme la quasi totalité de l’épisode, il n’y a pas de musique d’ambiance, tout se passe dans le silence accentuant le côté intimiste et presque documentaire assez proche du cinéma indépendant américain. On entre dans l’intimité de cette famille en plein deuil et on peut même y sentir un certain malaise du à ce voyeurisme de notre part. On est quasiment dans de la télé réalité au sens le plus réel du terme. Chaque scène sonne juste comme l’interprétation sans faute des interprètes. On peut souligner particulièrement la performance de Frances Conroy lorsque Ruth craque durant la cérémonie. David l’emmenant vite dans la pièce d’à côté avant de tirer le rideau. Nate a raison quand il parle de chirurgie, car tout est fait pour masquer la tristesse de l’événement afin de le rendre plus supportable. Cela peut parfaitement se comprendre mais comme le montre les fausses pubs, tout cet apparat est là pour masquer la triste réalité et la douleur d’avoir perdu un être cher.

L’enterrement est lui aussi particulièrement poignant car c’est le moment pour tout le monde de dire au revoir au mari et au père qu’était le défunt. Il est normal de voir Nate péter les plombs à ce moment là et d’envoyer balader tous ces artifices politiquement correct pour avoir vraiment un geste deuil et de colère face à la mort de son père. Comme il le dit, la façon dont les funérailles siciliens se déroulent sont finalement bien plus sains que celui ci où l’on secoue la salière au dessus du cercueil pour ne pas se salir les mains. Car justement un enterrement est quelque chose de difficile et il est normal de se salir les mains dans de telles circonstances.

Mais à peine l’enterrement finit, les charognes rodent déjà autour du cadavre de l’entreprise familiale, c’est la seule fois où l’on voit David vraiment s’énerver. Car après tout cette entreprise funéraire, c’est toute sa vie.

Bilan : Le tout premier épisode de Six feet under est une vraie réussite. Il définit assez bien les personnages tout en gardant une part d’ombre chez chacun d’eux. Je dirai même qu’il peut se regarder de façon parfaitement indépendante sans forcement voir la suite car il présente avant tout l’histoire d’une famille face à la mort de l’annonce du décès jusqu’à la mise en terre. Si le thème a de nombreuses fois été utilisé (ne serait ce que tous les morts dans les soaps day time), il n’a jamais été traité de façon à la fois si réaliste et surtout si humaine.

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Commentaires
F
J'ai regardé il n'y a pas longtemps, j'ai bien aimé même ; j'ai toujours aimé les séries avec des touches assez glauques comme cette série ou Nip/Tuck.<br /> Le pilote n'est pas vraiment extaordinaire mais place bien le contexte de la série. Dommage que les épisodes se font si rares sur le net, j'aimerais bien regarder au-delà du deuxième épisode.
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