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Critik en séries
8 avril 2007

FBI portés disparus : 5.10 L'espoir

marianne_jeanbaptisteOn ne va le dire trop fort mais on dirait que l’on est dans une bonne période pour FBI portés disparus. Ce samedi soir sur La Deux à nouveau un épisode très fort qui parle des malades du cancer et cela avec une très grande pudeur et dignité. La série arrive sans surenchère a faire passer l’émotion et a nous interroger sur un sujet souvent tabou pour des gens qui n’ont jamais été confronté à la maladie.

Audrey West, une jeune femme disparaît après avoir assisté à une veillée d’un ami qui a la leucémie et qui a décidé de se donner la mort. Jack arrive justement au moment où l’on embarque le corps du défunt dans un sac mortuaire. Déjà là c’est un signe très fort, l’euthanasie n’est pas autorisée aux Etats Unis mais comme ce fut le cas lors d’un autre épisode de la série, on nous montre que malgré cette interdiction certaines personnes et sans doute plus qu’on ne le croit, décident eux mêmes du moment où elles vont mourir afin d’avoir une mort digne. La série est à nouveau très engagée sur ce sujet et pourtant elle n’insiste pas forcément sur ce point. Elle montre le fait et laisse parler les images et réfléchir le téléspectateur.

Audrey est elle même malade, elle a une tumeur au cerveau inopérable et il ne lui reste plus qu’un mois à vivre. Mais pourquoi donc a t’elle disparu ? Jack et Martin remontent donc au moment zéro où on l'a perdu de vue. Elle a été vue la dernière fois montant dans la voiture de Ryan Leonard (Todd Lowe – Zach dans Gilmore girls) qui était lui même à la réunion mais que personne ne connaît. La magie de l’informatique permet à Danny de découvrir que Ryan est le petit ami et conducteur secondaire de la voiture de l’infirmière s’occupant d’Audrey. Jack et Martin suivent donc la piste du petit ami toxicomane qu’ils retrouvent à l’hôpital après avoir crashé sa voiture lors un mauvais trip où il a vu un ange. La tête de Jack fasse à ce récit psychédélique était très amusant et les images du trip très stylée. Mais ça ne nous dit toujours pas où est Audrey.

Chacune des rencontres avec les témoins et les flash backs qui s’y accompagnent souvent nous montrent un autre aspect de la maladie d’Audrey et nous fait véritablement entrer dans la vie de cette disparue très attachante. Ainsi son mari explique à Vivian, qu’elle est assise à la même place que son épouse quand elle lui a appris pour sa tumeur au cerveau. Il parle également d’une dispute qu’elle a eu avec son ancien patron un architecte renommé. Celui ci l’accusant de se servir de sa maladie pour faire pression sur lui. Cela n’est peut être pas non plus tout à fait faux. Certes elle est mourante mais pas encore ramollie du cerveau et forcément jouer la carte de la mourante peut toujours fonctionner. Un peu comme House qui profite souvent de son handicap avec une mauvaise foi pas croyable. Audrey, elle par contre veut ce qui lui est dû car son patron le grand architecte lui a volé certains de ses plans. Après tout Audrey sera morte dans un mois et il pourra bâtir tranquillement ces immeubles. C’est assez cynique mais c’est la réalité. Pour certaines personnes la vie humaine n’a pas vraiment d’importance alors vous pensez bien que celle d’une mourante encore moins. La remarque sarcastique de Jack durant l’interrogatoire. "  Un architecte sans talent vole les idées d’une mourante. Pas mal pour le journal du soir " est criante à ce sujet. Tiens je verrai bien ce type de titre racoleur dans le journal de 19H de rtl-tvi en Belgique. Si vous, petits français croyaient que tf1 c’est immonde, branchez vous sur le site de rtl pour regarder leur JT vous allez voir c’est encore pire.

L’un des aspects abordé un peu trop rapidement selon moi est celui des soins de santé, en effet Audrey confie à son infirmière que son assurance santé ne veut pas couvrir tous ses soins médicaux car elle a souscrit trop tard à l’assurance et se trouve toujours dans la période de carence durant laquelle l’assurance n’intervient pas. Autrement dit, il aurait mieux valu qu’elle tombe malade demain car aujourd’hui on ne prendra pas ses dépenses en charge. La série dénonce une fois de plus l’inhumanité du système comme elle l’a si bien fait la semaine dernière au sujet des services de protection de l’enfance.

Un autre flash back nous plonge dans une réunion de malades du cancer en phase terminale. Une réunion qui a pour objet plutôt morbide de faire accepter au patient sa maladie et sa future mort. Et cela Audrey ne peut pas le supporter, si elle avait essayé quelques temps de se résigner, son désir de vie est toujours très présent et cela se comprend parfaitement. D’autant plus qu’elle a un mari et une fille qu’elle adore. Sa conversation sur le tennis avec sa fille est à briser le cœur. Sa fille lui dit qu’elle aimerait jouer au tennis cet été mais bien sûr Audrey sait qu’elle ne la verra jamais jouer au tennis durant l’été. ça doit vraiment être terrible de se dire que l’on va rater tous ses moments de joie dans la vie de son enfant. Audrey ne pense sans doute pas qu’à l’été prochain mais également à la vie de sa fille qui se fera désormais sans elle, un vrai sentiment d’impuissance. Cette partie est admirablement bien écrite et bien interprétée. Il n’y a pas de surenchère dans les larmes ou de misérabilisme. J’ai trouvé ça à la fois très juste mais très triste. Il n’y a pas besoin d’en rajouter pour faire passer l’émotion.

Mais il n’y a pas seulement la maladie qu’il faut combattre. En effet, tout près des malades, il y a aussi tout le marché des arnaques au remède miracle qui pointe son nez. Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Et dans ce type de situation, il y a toujours des charognards prêt à exploiter la misère humaine. Ainsi lors d’une réunion du groupe de soutien, Audrey fait la connaissance Miriam qui lui parle de sa soi disant guérison miracle grâce aux prières faîtes par des moines pour la modique somme de 16000$. Bien entendu Audrey étant désespérée, elle est prêt à tout pour guérir (comme faire chanter son patron par exemple). C’est là que l’on voit le désespoir de cette malade qui veut vivre mais est en quelque sorte trahie par son propre corps. Cette rencontre fait néanmoins comprendre à Audrey qu’elle doit mettre en ordre un certain nombre de chose dans sa vie et en particulier quelque chose qui s’est passé dans son enfance lorsqu’elle était à l’école.

Là j’ai un peu craint une nouvelle histoire de pédophilie mais la série évite soigneusement ce cliché qu’elle a elle même crée au fur et à mesure des saisons. Et cette partie est plus subtile qu’on aurait pu le penser. Alors qu’elle avait 11, 12 ans, Audrey était dans une école privée. La directrice voulant se débarrasser de l’un de ses professeurs a poussé Audrey a mentir au sujet de présumé attouchements sur la petite fille lors d’une soirée d’astronomie. Changement de sujet donc. La série s’attaque cette fois aux petits dictateurs de la bureaucratie, qui dès qu’ils ont un peu un pouvoir s’en servent pour leurs propres intérêts. C’est d’autant plus grave ici car la directrice utilise carrément un enfant pour ses propres besoins. Une fois pardonnée par le professeur, mais certainement pas guérie pour autant, elle est toujours introuvable. Comble de la malchance elle s’est faite agressée à la gare autoroutière alors qu’elle allait prendre un bus pour rentrer jusque chez elle. On peut se dire que là il y a en effet un certain acharnement sur le personnage, pas encore assez malheureux sans doute, mais je n’ai pas trouvé cela trop lourd. Cela montre aussi que c’est toujours au plus faible que l’on s’attaque. Cet homme avait vu qu’Audrey était mal et il en a profité pour l’agresser. Heureusement Vivian la retrouvera et Audrey rejoindra sa famille. Si on ne le montre pas à l’écran, on imagine fort bien qu’Audrey ne vivra plus très longtemps et cette réunion de famille est sans doute l’une des dernières.

En ce qui concerne nos enquêteurs, Vivian est particulièrement touchée par cette enquête. Elle même ayant eu des problèmes de santé voici 2 ans. Et oui deux ans déjà même si avec la diffusion belge et française, ça nous paraît un peu plus récent. C’est l’occasion de montrer quelques flash backs. Pas forcément très intéressants vu que l’on connaît le dénouement mais qui permettent de nous montrer l’état d’esprit de Vivian. Elle est aujourd’hui en bonne santé et entourée de son mari et de son fils. Les autres enquêteurs ne servent à rien ou sont transparents et Jack semble avoir oublié la baby menace et Evil Anne.

Bilan : FBI portés disparus n’est jamais aussi bon que lorsqu’il traite en profondeur et avec subtilité des drames humains assorti de portraits de la société moderne. Et c’est tout à fait ce que l’on a dans cet épisode particulièrement humain mais aussi très pessimiste. Après dix épisodes, on dirait qu’avec la saison 5, la série a décidé de se relever et de laisser derrière elle les errements de la trop souvent pénible saison 4. La série se présente au même titre que Law & order comme l’une des séries américaines les plus progressistes du moment remettant en question la société américaine et les dérives du système.

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