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Critik en séries
24 novembre 2006

Carnivale

carnivale_tvJ’ai terminé le coffret de la saison 2 de Carnivale il y a peu et j’ai donc eu envie de vous en parler. Je ne me suis pas lancé dans des reviews épisode après épisode car je trouve cette série avant tout contemplative et très complexe. On vit Carnivale avant tout et le raconter donnerait selon moi moins d’impact au récit. C’est une série assez hermétique mais une fois que l’on se prend au jeu c’est une série formidable mais avant tout un véritable ovni télévisuel qui ne ressemble à aucune autre série passée ou présente.

D’abord qu’est ce que Carnivale ? L’histoire prend place dans les années 1930 de l’entre deux guerres et de la grande dépression et gère deux récits parallèles mais qui sont destinées à ne plus faire qu’un seul. Le premier récit suit une troupe de forains qui peut s’apparenter à une troupe de monstre de foire. Ceux ci sont géré par le " Managment " que l’on ne voit jamais et qui se dissimule derrière un rideau. Samson, un nain, bras droit de cette étrange direction dirige la troupe. On y trouve aussi Lodz, un magicien télépathe qui est le seul en dehors de Samson a avoir des contacts avec le managment. Jonesy est l’homme de main de Samson, amoureux de la cartomancienne Sofie qui tient ses pouvoirs divinatoire de sa mère plongée dans un état catatonique. On peut ajouter également d’autres personnages plus ou moins secondaires mais qui auront également leur propre intrigue. comme Lilla la femme à barbe mariée au professeur Lodz ou la famille Dreifuss dont les femmes du clan sont des danseuses nues et plus si le client y met le prix. Et pour finir, il y a Ben Hawkins, un bagnard recherché par la police qui intègre la troupe dans l’épisode pilot sur la volonté du Managment. Ben est un garçon renfermé sur soi qui possède un don de guérison mais qu’il n’est pas prêt à accepter. Mais que le managment est bien décidé a utiliser pour des desseins plus ou moins vagues.

Loin de là en Californie vit le frère Justin et sa sœur Iris. Brother Justin est un pasteur zélé qui est persuadé qu’il doit sauver sa communauté de tous leurs péchés et pour cela tout les moyens sont bons, y compris les moyens les moins catholiques. En particulier quand il entraîne les pécheurs dans ses visions afin de les confronter à leurs péchés. Tout comme Ben, Justin possède un pouvoir qui l’effraie au départ, un pouvoir de mort. Ainsi lors de l’épisode pilot il exhortera une pécheresse en lui faisant recracher des pièces de monnaies car elle en a volé une lors de l’office . Mais la foi de Justin qui devient de plus en plus radicale au fil du temps est elle guidée par Dieu ou une autre puissance maléfique ? On trouve également autour du frère Justin, le révérend Balthus, l’homme qui a recueilli Justin et Iris quand ils étaient enfants ainsi que Tommy Dolan un animateur radio qui s’intéresse au frère Justin mais aussi à Iris mais celle ci est bien trop prise à servir son frère et le seigneur pour s’intéresser à un autre homme.

La série est donc basée sur cette lutte antagoniste entre le bien et le mal mais ni l’un ni l’autre n’est facile à déchiffrer. Justin n’est pas le mal personnifié vu qu’il prend sous son aile les migrants qui traversent le pays dans l’espoir d’un avenir plus heureux et cela malgré la désapprobation de la classe politique de la ville. Lodz est un personnage ambigu entre le vieux sage et l’homme obsédé de pouvoir alors que Ben prend son don comme une malédiction. Le bien est ici représenté par un jeune garçon peu sur de lui dans une troupe de sales timbanques alors que le mal est tapis au sein même de la " bonne " société. La série est également emprunte de mysticisme et peu faire penser aux récits de l’apocalypse. Texte dont Justin fait à de nombreuses références lors de ses prêches de plus en plus virulents emprunt aussi de politique . Chacun de nos deux antihéros sera amené à accepter son destin pour le meilleur mais surtout pour le pire. La première saison correspond à la découverte de ce don et de l’acception de celui ci. Le managment a travers divers tests forcera petit à petit Ben Hawkins à accepter son don pendant que Justin se laissera guider par ses rêves. La saison 1 est particulièrement lente et complexe et on ne comprend pas toujours les différents éléments qui nous sont présentés. D’où peut être cette impression d’ennuies car il n’y à pas beaucoup d’action mais beaucoup de mystères. La deuxième saison est centrée sur la recherche d’Henry Scudder, le père de Ben qui est d’un intérêt de plus en plus croissant pour le managment et pour le frère Justin. Ce ne sera qu’à partir de cette saison 2 que les différents éléments développés précédemment prendront tout leur sens sans pour autant être expliqués clairement. C’est avant tout au téléspectateur de mettre en place les différentes pièces du puzzle où chaque détail compte.

La série pousse l’antagonisme de Ben Hawkins et du frère Justin jusque dans l’interprétation de ses acteurs : Nick Stahl et Clancy Brown. Brown impose par son charisme et par l’exaltation de son personnage qui s’impose comme un véritable leader, le mal à quelque chose de séduisant. A l’opposé, le jeu de Nick Stahl sobre et effacé est sans doute même plus dur car il doit faire passer toute la bataille intérieur de Hawkins avec un minimum d’expression, le jeune étant taiseux et renfermé. Si bien sur, tout le focus se fait sur ses deux acteurs, le reste du casting tire admirablement son épingle du jeu. Michael J. Anderson est petit par sa taille mais grand par son talent. Ok, c’est un peu facile à dire mais ça n’en est pas moins vrai. Debra Christofferson campe une femme à barbe limite sexy alors que qu’Amy Madigan se fait de plus en plus inquiétante au fur et à mesure du récit dans le rôle d’Iris Crowe.

Un autre aspect particulier de Carnivale est son esthétique particulièrement soigné où sont mis en valeur des paysages de désert et de tempêtes de sable, tout autant que la nuit éclairée par la grande roue de la troupe de forains. On pourrait presque faire des arrêts sur image de chaque plan tellement ceux ci ressemble à des tableaux ou à des photos d’artistes. Les rêves de Justin ou de Ben sont eux beaucoup plus colorés, comme pour trancher avec le quotidien.

Plus qu’une série télé, Carnival est un véritable ovni télévisuel. On vit et on ressent Carnivale, on se laisse envoûter par cette série qui peut vous suivre des jours et des jours à la manière de certaines œuvres de Lynch tels que Mulholland drive ou Twin peaks. Comme pour ces deux productions, on se dit que l’on ne retrouvera plus jamais après une telle ambiance. C’est là que la fin de Carnivale est très frustrante car elle laisse le jeu grand ouvert suite à son annulation par la chaîne HBO. Laissant libre cours au téléspectateur d’imaginer la suite de ce récit.

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Commentaires
J
trouvé sur un blog :<br /> "Carnivale est une grande leçon sur le mensonge. <br /> Je ne crois nullement que les séries télé soient inventées de toutes pièces. Au contraire, elles décrivent des aspects du monde. Dans Carnivale, on apprend jusqu'où l'on peut mentir, par faiblesse, pour emmerder l'autre, ou pour préserver sa bonne image de soi... Le type qui parie les 400 dollars (une sacrée somme en 1934, je crois qu'on peut multiplier par 20) que sa femme lui a donnés pour rembourser ses dettes, et qui perd, est un modèle du genre. Pour ne pas se faire crier dessus, il dit qu'il a gagné. Evidemment, sa femme ne le croit pas, mais elle fait semblant de le croire, et à force de faire semblant, on se demande si elle ne finit pas par y croire d'une certaine manière. Quoi qu'il en soit, il sait que dans une semaine tout au plus, son mensonge éclatera au grand jour, et que sa femme lui en voudra d'autant plus. Pourtant, il n'est pas capable de faire face sur le moment, alors il ment, même en sachant ce qui risquera d'en découler. <br /> Mais le grand Menteur de l'histoire, c'est évidemment Brother Justin. Voilà un homme qui a dédié sa vie à Dieu, il rêve de rédemption voire de Sainteté, il a des visions envoyées par Dieu, ou du moins le croit-il, et voilà qu'il découvre qu'il est l'incarnation du Démon (traduit en "bouddhiste", il a congénitalement les lungs et les canaux de travers). Que fait-il ? Il continue à prêcher, à parler de liberté, de salut, d'aider les pauvres... et il a l'air d'y croire, il prend les gens dans ses bras, comme Amma, il les réconforte, il les loge et leur donne de quoi manger... et en même temps il fait des p* de coups tordus à son entourage, les bonnes se retrouvent à l'asile les unes après les autres, et il soutient un politicien qui est pire que JMLP. On se demande s'il n'est pas schizo, mais c'est encore plus compliqué. En fait, je crois qu'il aime vraiment aider les gens, et qu'en même temps il a vraiment un côté démoniaque. Le résultat est vraiment étrange. <br /> En fait, c'est la meilleure représentation du Diable que j'aie vue jusqu'à présent. C'est sans doute pour cette raison que la série a fait faillite. On n'étale pas au grand jour la façon d'agir du Démon. Cela montre aussi que c'est ce qu'il y a "au fond", c'est-à-dire au niveau énergétique, qui compte. On voit que tout le "bien" que fait Brother Justin en raison de son étrange propension au bien, est perverti par sa nature, qui serait l'équivalent du "lung" tibétain. Quelqu'un qui vous octroie un bienfait avec des vents de travers, c'est une malédiction. Cela explique bien des choses à mon avis. Qui n'a pas vu une famille pourrie par les "bienfaits" d'un de ses membres ? C'est aussi tout l'argument du "Chemin le moins fréquenté" de Scott Peck. Il décrit des gens qui selon lui sont l'incarnation du mal. Des gens qui font les plus grands méfaits précisément à travers ce qui apparaît comme des "bienfaits" à des observateurs non avertis. Grâce à Carnivale, on peut comprendre comment ils fonctionnent. <br /> La question que je me pose maintenant, c'est comment le scénariste a pu comprendre ça. Je crois qu'il n'a pas eu conscience de l'éclair de génie qui l'a traversé. Apparemment, c'est plutôt que ça l'amusait, puisqu'au sujet de la suite de la série qui ne verra pas le jour il est dit : "He also claims that Justin would have continued to struggle with the darker side of his own nature, and that ultimately the audience would have been left in doubt as to whether Justin was truly evil or his counterpart truly good". Alors que de mon point de vue, c'est précisément ce qui le rend vraiment mauvais : sa propension au bien. C'est cela qui lui permet de cacher ce qu'il est aux yeux du commun et de répandre à grande échelle ses lungs tordus. C'est encore pire que Sauron se déguisant en gentil (Annatar) pour tromper les gens. C'est comme si Sauron avait vraiment voulu aider les gens. Vous imaginez le merdier... <br /> L'autre jour, j'ai d'ailleurs eu des visions énergétiques, suite à une journée passée à regarder la série. L'image de Brother Justin me revenait, et j'entrais dans des canaux blancs, et puis au fur et à mesure que j'avançais, ça devenait noir. Voilà comment le "mal" s'y prend pour nous avoir. C'est blanc à l'entrée, noir au bout. Le problème, c'est qu'on est comme un serpent dans un bambou. Quand on est entré, on ne peut plus reculer.<br /> C'est ainsi que j'ai vu des gens se présenter comme absolument bons. Ils faisaient sans en avoir conscience des trucs vraiment tordus, qui rendaient fous les gens d'en face. Je me suis toujours méfiée de ceux qui désirent faire le bien, Carnivale ne va pas arranger ça. Je crois qu'il faut différencier entre ceux qui désirent faire le bien et ceux qui le font sans y penser. Ceux qui le désirent cherchent à préserver leur image, leur motivation est fondamentalement égotique, donc le résultat est mauvais dans le fond. Ceux qui le font sans y penser ne préservent rien, c'est ça le vrai bien."
T
c'est clair que t'as parfois des scènes où l'on suit la caravane pas à pas. même dans la saison 2 tu as ce type de scène sous un fond musical toujours particulier. rien que d'y penser ça me fait rire car sorti du contexte c'est sur que ça peut paraitre bizarre. avec le t-shirt de ben de plus en plus crasseux au fur et à mesure.
S
C'est vraiment une série à part. Une des meilleures productions HBO à mon sens tant elle innove sur le plan visuel. J'ai pas de souvenirs d'autres prod ciné ou télé avec une telle magnifiscence dans les décors, les couleurs, les costumes. On ne s'y croit pas, on y est dans ce désert américain des années 30 sublimé par son aspect "peinture".<br /> <br /> Du coté des saisons, la 1 reste quand même très lente. Trop lente. Le format 50 à 60 minutes de HBO est surement responsable de tout cela. En format traditionnel 42 minutes, chaque épisode aurait dit la même chose mais en moins lent. Il y a plusieurs épisodes où l'on suit la caravane avançant lentement sur une route poussièreuse pendant 2 minutes. Il ne s'y passe absolument rien et ça dure 2 minutes. <br /> <br /> La saison 2 maitrise nettement mieux le format 50 à 60 minutes et on se retrouve à la fin de chaque épisode en disant "déjà ?". Et le rythme des épisodes est un poil plus action, moins d'exposition et la série y gagne énormément. <br /> <br /> J'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi les américains ont laché la saison 2 complétement. Je veux bien que la saison 1 bénéficiait d'une super locomotive avant (genre Les SOprano, mais je ne suis plus sûr) mais cela ne peut expliquer cette désaffection compléte. <br /> <br /> Et pendant ce temps, 7 à la maison reviendra en saison 12 ...
T
je pensais que l'article passerait inapercu vu que la série est assez étrange et peu connue. ça fait du bien de voir d'autres fans. merci de votre visite
M
Très bon article pour la fan de la série que je suis! Carnivalè a couté très cher il me semble, et dans sa réalisation, ça se voit, on n'est plus face à la petite série mais plutot face à de mini film avec une mise en scène très reussie. Je ne suis pas encore arrivée à la fin de la deuxième (et dernière saison) et là la réalité rattrape la fiction, HBO interrompt pour manque d'audience...Dommage, vraiment...car cet OVNI comme tu dis si bien,était vraiment agréable à regarder (malgré somme toute quelques lourdes ficelles sur le combat Bien/Mal mais servie par de tels acteurs de qualité !!! )<br /> Bref,merci pour ce bel article, qui rend hommage à une série fascinante
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